Jamais les informations n’auront été aussi contradictoires, quel que soit le média qui les diffuse. Alors comment peut-on faire pour décider du juste degré de confiance ou de méfiance face à l’actualité ? Je vous propose de passer par trois étapes : 𝟭) Connaître vos valeurs ; 𝟮) Comprendre le contexte du message ; 𝟯) Vérifier le contenu du message
– 𝗗𝗼𝘀𝘀𝗶𝗲𝗿 𝗖𝗵𝗶𝗻𝗲. Que sait-on vraiment de la situation des droits de l’homme en Chine ? – 𝗗𝗼𝘀𝘀𝗶𝗲𝗿 𝗡𝗲𝘄𝗕. Les promesses de la banque « éthiques » sont-elles vérifiées dans les faits ? – 𝗗𝗼𝘀𝘀𝗶𝗲𝗿 « 𝗗𝗲𝗺𝗮𝗶𝗻 ». Les petits pas en faveur du climat sont-ils devenus grands ? – 𝗩𝗲𝗻𝗲𝘇𝘂𝗲𝗹𝗮. Maduro a-t-il censuré sa télévision ? – 𝗖𝘂𝗯𝗮. Obama y était-il si populaire ?
de Selys, G. (Ed.). (1990). Médiamensonges (Vol. 1). Editions Aden. Hardwig, J. (1985). Epistemic dependence. The Journal of philosophy, 82(7), 335-349. Halkin, L. E. (1966). Éléments de critique historique. Popper, K. (2014). Conjectures and refutations: The growth of scientific knowledge. routledge. Sutton, R. I., & Staw, B. M. (1995). What theory is not. Administrative science quarterly, 371-384.
[EDIT] 14 avril 2019 – voir aussi, plus bas, l'[EDIT] du 22/10/2019. Suite à la publication de l’article qui suit et une invitation aux Youtubers mis en cause à s’exprimer sur ma page Facebook, seul un Monde Riant a répondu par ces mots :
« Si j’avais pas 15 minutes à perdre, je devrais m’arrêter ici : « La méthode scientifique deviendrait alors la mesure de toute connaissance », vu que cette phrase est déjà erronée et qu’il me semble que si certains d’entre nous la prétendent, on doit pas être beaucoup (et en vrai, j’ai jamais vu personne prétendre ça). J’me suis arrêté pour de vrai à « arrogance autosatisfaite » à 3.23. »
Passons sur le fait que le travail de ce Youtuber consiste précisément à « perdre 15 minutes » sur des sujets avec lesquels il n’est pas d’accord et qu’il tente de déconstruire. Il devrait s’en donner à cœur joie ici aussi mais, apparemment, il est moins disposé à s’attaquer aux questions de fond qu’il évacue directement en me reprochant de souligner [son] « arrogance autosatisfaite ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que je ne suis pas le premier à dénoncer leur posture arrogante, et certains l’expriment particulièrement bien, comme dans cette vidéo de Charles Robin : « Vous avez dit esprit critique? » Et dans cette vidéo, l’auteur lui aussi formule le reproche d’une méthode scientifique qui devrait être l’ultime outil pour atteindre la connaissance…
Enfin, dans sa dernière vidéo, Mr. Sam – que j’ai également mis en cause dans l’article qui suit mais qui n’a pas réagi – annonce justement (un heureux hasard?) qu’il arrête un de ses formats courts en vidéo, pourtant très populaire. Parmi les raisons invoquées : le niveau de qualité qui, avec le peu de temps à sa disposition, est pour lui insuffisant. Il souligne explicitement les trop nombreuses erreurs mais aussi le mépris qu’il emploie parfois dans le ton! Bien qu’étonné par une telle annonce, je dois dire que c’est extrêmement courageux de sa part et il faut saluer l’humilité, preuve s’il en faut d’intelligence, d’une telle décision et de telles précisions. Si d’aventure Mr. Sam devait lire ces lignes, qu’il n’hésite pas à me contacter par mail pour parler ensemble d’épistémologie. [EDIT BIS – 22/10/2019] Entre-temps, Mr. Sam a repris ses « Petits points d’interrogation« , en assumant le fait que ce serait des « vlogs » dont la qualité ne serait par conséquent pas forcément au rendez-vous parce qu’il prendrait moins de soin à vérifier ses sources… Le tout après avoir commis une critique (dont il reconnait lui-même la médiocrité) du débat entre Étienne Klein et Stéphane Foucart! Quand un apôtre de la « pensée critique » nous demande d’excuser la piètre qualité de ses vidéos qui doivent servir à « flatter l’algorithme de Youtube », que faut-il penser sinon que l’hôpital se fout de la charité? Moi qui avais cru reconnaître de l’humilité et de l’intelligence…
La zététique, c’est l’art du doute. On l’utilisait pour étudier rationnellement les phénomènes paranormaux. Avec le temps, son champ s’est étendu. La méthode scientifique deviendrait alors la mesure de toute connaissance.
Qu’est-ce que la méthode scientifique ? Un ensemble d’outils qui devraient normalement permettre de s’assurer que différents phénomènes sont bien reliés par de la causalité. Par exemple, si vous soupçonnez votre maison d’être hantée par le fantôme d’un arrière grand-oncle, la méthode scientifique doit vous permettre de le démontrer. Si vous pensez que le glyphosate est dangereux pour la santé, la méthode scientifique doit vous permettre de le démontrer… Vous avez compris le principe.
(Auto-)dérision 🙂
Sur Youtube, une large communauté de vidéastes se réclament
de la zététique. Et c’est très bien. Très bien parce que cela donne lieu à une
grande quantité de vidéos d’excellente facture, lesquelles discréditent le pire
de la désinformation (du style « Révélation des
pyramides »). Le problème, c’est que, comme nous allons le voir, les
plus ardents défenseurs du doute systématique paradoxalement oublient
d’appliquer à eux-mêmes les grands principes qu’ils imposent fort logiquement
aux autres. L’art du doute se transforme alors en dogme et c’est l’ensemble de
la pensée critique qui trinque. Voyons ça de plus près.
Douter de ses doutes ?
Commençons par une expérience de pensée. Un grand principe
de la zététique est celui de la crédence : il s’agit de se demander quel
degré de certitude on a vis-à-vis de ce qu’on dit/pense. Par exemple, lorsque
je dis : « le glyphosate est mauvais pour la santé dans les
proportions actuellement présentes dans les aliments », à quel point j’y
crois ? 100% a priori ? Je n’aurais aucun doute là-dessus ? Un
peu moins, disons 90% après
avoir regardé le sujet d’Envoyé Spécial? Et plus que 40% après la
campagne des zététiciens de Youtube ?
Bon, maintenant, faisons le même travail avec la méthode
scientifique. À quel point un zététicien pense-t-il que la méthode scientifique
seule peut permettre d’atteindre la connaissance ? S’il y croit à 100%, on
a un problème : être certain que
l’art du doute est la mesure de toute
chose, c’est contradictoire. Mais d’autre part, douter – même de façon infime – de l’art du doute, c’est accepter, au moins infimement, qu’il y aurait
d’autres façons de connaître.
Autrement dit, que la zététique n’est pas
la mesure de toute chose, ce contre quoi ils s’efforcent de lutter. On est là
face à un avatar du
paradoxe du menteur.
Jusqu’ici, dans leur immense majorité (et c’est bien là le
propos de cet article…), les zététiciens de Youtube ont choisi la contradiction[1] :
être certain de leur art du doute. Les vidéos de « Mr. Sam » sont
éclairantes de ce point de vue, de même que la plupart des vidéos de « La Tronche En Biais »
ou d’un « monde riant »
affichent le même genre d’arrogance autosatisfaite. Pourtant, il apparaît
clairement qu’un nombre incalculable de connaissances s’accumulent en-dehors du
cadre strict de la méthode scientifique. Doutez-vous d’exister ? Si pas, comment
démontrer votre existence scientifiquement ? Quel serait le « groupe
contrôle » ? L’existence est une question philosophique, imperméable
aux considérations méthodologiques. Malheureusement. Et il en va de même des
questions morales, des émotions, etc.
Toute connaissance n’est pas scientifique
Il y a même d’autres espaces parfaitement rétifs à
l’investigation scientifique « poppérienne ». Par exemple, je me suis
beaucoup intéressé au rêve. Eh bien, qu’on le veuille ou non, le contenu du
rêve est inaccessible à la méthode scientifique. Pire : il est impossible
de prouver que nous rêvons ! On peut prouver l’activité cérébrale certes,
mais pas le vécu phénoménologique. Allez dire ça à votre enfant qui s’éveille d’un
cauchemar… Et il en va de même pour différentes expériences de transcendance, de
la prise d’hallucinogènes avec ses « ego loss » jusqu’aux
rencontres divines par des prophètes : qu’on y croie ou non n’y change
rien. Ce n’est pas que l’expérience soit irréfutable (au sens de Popper), c’est
qu’elle est singulière, unique et, à ce titre, non généralisable. Donc, non
scientifique. Est-ce à dire qu’on n’y apprend rien ?
À ce moment, vous vous direz peut-être : « Certes,
mais est-ce vraiment important ? » La réponse est : « oui »,
parce que les conséquences d’une position dogmatique sur la méthode
scientifique peut mener à renforcer des préjugés là où on aurait souhaité le
contraire, c’est-à-dire à agir contre son
propre objectif et à finalement faire
des erreurs. Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu épistémologique :
se tromper sur la causalité qui lie
des phénomènes entre eux mène potentiellement à défendre l’indéfendable.
Passons en revue les outils principaux de la zététique et
essayons de les appliquer à un « cas », par exemple celui des
« théories du complot ». Je prends un tel exemple sensible à
dessein : en effet, il fait tant consensus que la simple affirmation
« c’est une théorie du complot ! » suffit généralement à
discréditer un propos. Ainsi, le « complot pharmaceutique » est
souvent moqué par les zététiciens qui critiquent les positions anti-glyphosates
pour des questions sanitaires…
Les limites de la méthode zététique
Le premier outil de la zététique est la recherche
systématique de l’erreur dans sa propre hypothèse. Imaginons, comme dit plus
haut, une attaque terroriste, dans une démocratie européenne, faisant 17 morts.
Tout porte à croire que l’extrême-gauche est responsable de l’attentat mais,
moi, je défends une « théorie du complot ». Je dis au contraire que
l’extrême-droite en est responsable et, en plus, que c’est la CIA et le MI6 qui
étaient derrière. On a là tous les meilleurs aliments pour une bonne théorie du
complot, non ?
Une fois ces éléments posés : comment puis-je tester
mon hypothèse ? Sur quelle base m’assurer que ma position minoritaire
n’est pas fausse ? Eh bien, je suis incapable de le faire : puisqu’un
complot a vocation à être secret, tous les éléments que je trouverai et qui
rendront responsables l’extrême-gauche ne peuvent que confirmer à la fois la théorie dominante (si on prend les
« preuves » pour véritables) mais aussi ma théorie (si on prend les « preuves » comme des
artefacts de l’opération sous faux-drapeau !) On n’est pas très avancé. À
l’inverse, les tenants de l’hypothèse dominante peuvent chercher des preuves
allant dans mon sens et leur hypothèse est d’autant renforcée qu’ils n’en
trouvent pas. Ma théorie du complot sort perdante de l’usage du premier outil.
Dans un deuxième temps, la zététique incite à formuler des
hypothèses cohérentes et puis à les tester. Bon, honnêtement, je trouve mon
hypothèse très cohérente – comme tous les tenants d’une théorie du complot :
l’attentat vise à discréditer la Russie soviétique et le communisme en général
tout en œuvrant à l’installation d’un pouvoir fasciste dans ce pays
démocratique. Cohérent, non ? Toutefois, comment pourrais-je tester mon
hypothèse ? Et comment mon contradicteur, soutenant l’hypothèse opposée,
pourrait-il tester la sienne ? Nous ne le pouvons pas. En réalité, bien
rares sont les cas où il est possible de mettre en place des protocoles
d’expérimentations solides qui permettent de tester et retester ses hypothèses.
C’est la raison pour laquelle les zététiciens aiment tant parler des questions
de santé (en déconstruisant notamment les pseudo-médecines alternatives comme
l’homéopathie) ou les soi-disant « dons » hors du commun de médiums
qui ne toucheront (sans doute) jamais le
pactole promis par James Randi. Dans ces deux cas, il est en effet possible
de mettre en place ces fameux protocoles.
Le point suivant revient à considérer qu’une
« affirmation extraordinaire nécessite des preuves extraordinaires ».
Autrement dit, la charge de la preuve incombe au demandeur. Observez bien ce
point, il est crucial. Ça veut dire que la zététique favorise, par nature, le
sens commun, donc la pensée dominante. Dans la plupart des cas, ce n’est
évidemment pas un souci mais, lorsqu’il s’agit de questions sensibles, comme la
géopolitique, c’est beaucoup moins clair. Or, dans notre exemple, cet outil de
la zététique joue absolument contre moi : non seulement c’est mon hypothèse du complot qui est décrite
comme extraordinaire mais, en plus,
je ne peux y apporter aucune preuve puisque précisément
la nature du complot est de les cacher ! Cependant, il existe de nombreux
pays dans lesquels le sens commun, la
pensée dominante, inciterait à croire
au complot comme hypothèse la plus probable. Cela veut dire que la propension à
discréditer le complot dépend avant tout du contexte culturel, de croyances, de
l’éducation, de l’expérience historique, du système politique dans lequel on se
trouve, etc. Tout n’est pas ici démontrable, l’hypothèse défendue ne répond
qu’à un principe dit « de parcimonie ».
L’idée de parcimonie renvoie à l’outil suivant de la
zététique : le rasoir d’Ockham. Entre plusieurs hypothèses, il faudrait
privilégier la moins coûteuse, c’est-à-dire celle qui fait le moins appel au
mystère. Voici une anecdote en montrant les limites. En allant chercher mon
fils à l’école il y a quelques jours (véridique), pour la dixième fois, je ne
retrouve pas ses chaussures ! Comme d’habitude, l’ensemble de ses affaires
sont éparpillées dans l’école, les chaussettes sont orphelines, la veste sous
le toboggan, le pull dans le sable, etc. Et les chaussures ? Le rasoir
d’Ockham m’invite à privilégier l’hypothèse selon laquelle il les a égarées
comme le reste. Il s’ensuit qu’il se prend naturellement mes foudres et voilà
mon petit bonhomme de quatre ans qui, en pleurs, pendant une heure (toujours
aussi véridique), se met à chercher des chaussures…qu’il ne trouvera pas !
Pourquoi ? Parce qu’un autre minuscule, trouvant les chaussures à son
goût, s’est dit qu’il les mettrait bien pour rentrer chez lui tandis que son
papa, peu au fait des affaires de son fils, n’y a pas prêté attention.
L’hypothèse « parcimonieuse » était la mauvaise : putain
d’Ockham !
Et qu’en est-il du rasoir d’Ockham dans notre histoire de
complot ? Eh bien, par définition, l’hypothèse du complot est nécessairement la plus coûteuse !
Elle implique des gens qui se coordonnent, qui servent des desseins
éventuellement flous, qui arrivent à garder le secret tout en agissant de façon
immorale, etc. En termes de parcimonie, aucun doute à avoir, les théories du
complot ne tiennent pas le coup. Nada. Pschuiit. Au revoir. Oui, sauf que.
Comme le rappelait Frédéric Lordon
dans le Monde diplomatique, l’erreur en matière de complot serait autant
d’en voir partout que d’en voir nulle part ! L’Histoire est émaillée de
complots avérés et il n’est pas inconcevable de penser que celui que je
mentionne depuis le début en fasse partie ! Mais là, étant donné les
points qui précèdent, aucune raison d’aller chercher de ce côté-là. Conclusion :
le complot est discrédité et on peut en rire comme les zététiciens de Youtube
ne se privent pas de le faire.
Le hic, le souci…c’est que cette histoire de complot est
depuis lors effectivement avérée.
Nous sommes en 1969 quand les attaques terroristes de l’opération Gladio
surviennent en Italie. Il s’agit de faire porter le chapeau à la gauche, tout
en renforçant la droite dure, avec l’aimable soutien de la CIA et du MI6. Les
outils de la zététique ne nous auront pas aidés. On aurait hurlé avec les loups
et on se serait trompé. Sur une question aussi fondamentale que celle-là, ça
fait tache.
La théorie : le chaînon manquant de la zététique
Alors, que manque-t-il aux outils de la zététique pour ne
pas tomber dans ce genre de pièges ? Il leur manque la prise de conscience
de ce qu’il n’existe pas d’hypothèse non soutenue par un cadre théorique !
Et c’est précisément ce point qui est toujours
absent des débats zététiques dont j’ai pris connaissance. Le cadre
théorique, c’est la paire de lunettes à travers laquelle on s’offre d’observer
le réel. Pour compliquer le truc, il existe des sciences dans lesquelles les
cadres théoriques se succèdent et d’autres
où les cadres théoriques s’accumulent.
Par exemple, la physique newtonienne a été littéralement remplacée à la suite des travaux d’Einstein. Alors que dans les sciences
sociales, il est tout à fait possible d’observer un même phénomène avec les
théories de Foucault, celles de Marx, celles de Bourdieu, de Latour, etc.
Le choix du cadre théorique nous informe alors de la
position politique, voire morale, du chercheur (ou du zététicien). Il nous
informe éventuellement des valeurs qu’il défend : quand je choisis les
théories marxistes pour décrire le monde du travail, c’est parce que je
soutiens des valeurs d’égalité !
Mais attention, de façon contre-intuitive, il faut bien comprendre que tandis
qu’elles font voir des choses
différentes, de bonnes théories demeurent
valables quand bien même on serait en désaccord avec elles ! Autrement
dit, ce qu’elles font voir est vrai
(dans le sens où cela correspond aux faits), mais nécessairement partiel (dans
le sens où une bonne théorie ne peut être capable de tout montrer). Ce qui n’empêche pas qu’une bonne théorie dans l’absolu
puisse être incompatible avec un certain objet de recherche…
Ainsi, face à une théorie du complot, j’ai tendance à ne pas user d’outils comme le rasoir d’Ockham
ou la responsabilité de la charge de la preuve parce que je sais que par nature ces outils faussent l’acuité
de ma réflexion. J’essaie également d’appuyer ma réflexion sur plusieurs socles
théoriques. Par exemple, que penser de la théorie du complot concernant le 11
septembre 2001 avec une théorie anti-impérialiste ? Eh bien, ce qui
apparaît, c’est qu’on n’a pas besoin du
complot pour faire sens des événements. Le complot est a priori rejeté. Je peux
faire le même travail avec des théories vis-à-vis desquelles je suis plutôt
hostile, comme celle du « clash des civilisations ». Et, pareil, l’opération
sous faux drapeau n’y est pas cohérente, etc.
Cette façon de procéder n’implique malheureusement pas de ne
plus faire d’erreur. Cependant, elle permet d’une part d’en limiter le nombre,
d’autre part, d’en limiter l’amplitude parce qu’elle oblige à faire preuve de
réserve et de modestie. Elle oblige à expliciter la position d’où on parle, ce
qui nous pousse à croire ce que l’on croit. Elle oblige à embrasser l’adversité,
même quand c’est désagréable, parce que ce faisant, on en apprend autant sur
les autres que sur soi-même. Elle n’est pas synonyme de relativisme – comme dit
plus haut, tout ne se vaut pas, mais elle est un garde-fou essentiel contre
toute forme de dogmatisme parce que l’on sait, inévitablement, que tous les
cadres théoriques, quels qu’ils soient, de la physique fondamentale à la
psychologie sociale en passant par l’économie, sont amenés à évoluer, à gagner
en nuances et en complexité.
[1] Il va de soi que c’est injuste pour les zététiciens qui ne verseraient pas dans ces travers. Quand on généralise, on simplifie, toujours. Je n’ai, par exemple, jamais pris en défaut « Hygiène mentale » sur ces points-là…
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