Réactions

Il te prend l’envie de « complimenter » les femmes…

Ce post, c’est pour mes potes mecs, mes proches mecs, les mecs qui me suivent. Et…je l’adresse à moi-même avant tout.

Il semblerait qu’on ait bien besoin d’un « reminder » pour savoir comment se comporter en rue. Ouais, c’est désolant…mais apparemment nécessaire. Je nous fais un récap’ de lieux communs, mais aussi d’une ou deux petites choses pas si évidentes et qui concernent notre rapport aux femmes dans l’espace public.

Je ne sors pas toutes ces infos de nulle part. Y’a des sources plus bas, ça vaut vraiment le coup d’aller les lire. Merci donc, avant tout, à celles qui ont témoigné, expliqué, illustré…mais c’est le moment de faire le taf nous-mêmes comme des grands.

Extrait des entretiens de Jean-Paul Sartre avec John Gerassi (pagination inconnue – Google books

Je ne dévisage PAS une femme, peu importe comment elle est habillée
Je ne l’interpelle pas sans raison (la trouver « charmante » n’est PAS une raison) et, a fortiori, je ne l’insulte pas, je ne commente pas ses vêtements, ses yeux, sa silhouette ou ce que j’imagine être sa vie sexuelle
Je ne siffle pas, je ne grogne pas, je ne m’exhibe pas (ouais, y’en a qui font tout ça)
Je ne touche pas une femme qui ne m’a pas donné son consentement
Je n’évalue pas le physique d’une femme dans l’espace public – même si je m’adresse à mes potes
•Je suis conscient que ces comportements SONT graves (et leurs conséquences aussi, voir les dossiers en sources) et s’inscrivent dans un ensemble de violences faites aux femmes

Ça va jusqu’ici? On est OK avec tout ça? Alors on continue, ça va se corser un peu.

Je dis clairement à mes potes relous qu’ils sont relous et les effets que leur lourdeur a sur les femmes ; a fortiori je ne les encourage pas, je ne ris pas des comportements de merde, je ne les passe pas sous silence
On a tous merdé un moment ou un autre ; c’est pas « trop tard » pour autant. Aujourd’hui est un bon moment pour commencer à faire gaffe !
•Je ne suis pas, en tant que mec, biologiquement programmé pour être relou. Être un mec n’est donc pas une excuse
•Le fait que je me trouve sexy, puissant, riche ou que sais-je ne change rien (!) : mes comportements merdiques restent merdiques
•Le fait d’être blanc/éduqué ne me rend pas « automatiquement » respectueux (les comportements de merde ne s’arrêtent ni à une classe sociale, ni à une culture)
Le sentiment d’être « toujours rejeté » (#INCEL) ne rend pas, non plus, mes comportements merdiques moins merdiques
•De façon générale, si je ne souhaite pas qu’on agisse envers une femme que j’aime (ma compagne, ma sœur, ma mère, une amie, etc.) comme je suis en train de le faire, c’est que mon comportement EST merdique
•Si j’assiste à une situation de harcèlement, j’agis! C’est tricky, mais il y a plusieurs possibilités selon les cas (voir en sources)
•Je suis conscient que ces comportements ne sont en plus qu’une part infime du système sexiste (l’effet d’accumulation est énorme)
•Je suis conscient que je SUIS UN MEC et, qu’à ce titre, je suis DÉJÀ suspect d’être un emmerdeur (grâce à tous NOS comportements de merde depuis beaucoup trop longtemps) – autrement dit, je fais ce que je peux pour rester discret.

Des infos sur ce projet ici

Vous êtes toujours là? Excellente nouvelle. Maintenant, on va se demander que faire ou que dire quand une proche nous raconte ce qu’elle a vécu.

Écouter n’implique pas que je doive donner mon avis (si elle ne me le demande pas, c’est qu’elle s’en fiche probablement)
Non, elle ne l’a pas « cherché ».
Je la crois (par définition, comme je ne suis pas une femme, je ne peux pas savoir ce qu’elle vit mais j’ai le devoir d’essayer de comprendre) ; je fais preuve d’humilité
•De mon côté (pas besoin de lui imposer mes états d’âme), je fais le taf de me demander VRAIMENT si je n’ai pas moi aussi des comportements merdiques (et j’en ai très probablement)
Je ne juge pas la réaction qu’elle aura eue suite à l’événement qu’elle me raconte (qu’elle ait dit ou fait quelque chose…ou pas)
Je n’ironise pas et je ne minimise pas (si elle m’en parle, c’est qu’elle est touchée et ça devrait suffire)
Je ne fais pas « l’avocat du diable », ce serait lui imposer une double peine (et puis ça sert à quoi, sérieusement ?)
•Je me souviens qu’une femme vit ça TOUT LE TEMPS (donc le comportement sexiste vient s’ajouter à la longue liste des précédents et/ou de tous ceux qui suivront, y’a des stats dans les sources)
Je ne la ramène pas à moi (on s’en fout que « moi je ne fais pas ça », y’a rien d’honorable, c’est juste normal), ni ne m’intéresse subitement aux oppressions que subissent les hommes à ce moment-là (c’est hors-sujet en fait)
•Si, en tant que mec, je serais « flatté » de recevoir de tels « compliments », c’est précisément parce que j’occupe, comme mec, la place du pouvoir (puis c’est tellement rare qu’il n’y a de toute façon pas d’effet d’accumulation)
Je ne lui demande pas de me rassurer (elle a autre chose à faire)
•Je n’attends pas d’être remercié ou félicité (elle a autre chose à faire bis)
•Je n’attends pas « d’être instruit » (en particulier par mes potes femmes, elles ont autre chose à faire, encore) ; mais au contraire je lis activement sur le sujet, j’écoute des podcasts, je regarde des docus. Ce ne sont pas les ressources qui manquent. Je n’hésite pas à partager mes ressources avec mes potes mecs, à débattre, à argumenter, etc.
•J’accueille sa colère, sa peur, sa tristesse, etc. sans me sentir personnellement attaqué
•…mais je me remets en question si je SUIS personnellement mis en cause.

Bon, si vous êtes encore ici, à ce moment de ce looooong post, c’est qu’il y a encore de l’espoir.

Mais vous risquez de vous exclamer : alors quoi? Je ne peux plus rien dire? On ne peut plus draguer?

•Si j’ai une vraie raison d’adresser la parole à une femme dans l’espace public (je suis perdu, j’ai un souci de santé, mon téléphone portable est mort, etc.), je m’adresse à elle comme si je m’adressais poliment à un mec. Easy, non ?
•Je respecte une distance physique (ça fait moins flipper et, btw, c’est un des gestes-barrière, hop combo)
•Dans une interaction, on est au moins deux à participer. Je ne m’inquiète pas quant au fait que si séduction mutuelle il devait y avoir, je serais au courant sans avoir à dévisager/interpeller/toucher, etc.
Non, bah c’est non. C’est pas un oui déguisé, c’est pas un peut-être oui plus tard ou si j’insiste. Une absence de réponse, c’est non aussi. C’est juste…non.

Il est probable que j’aie oublié plein de choses et/ou que j’aie été maladroit ou inadéquat dans certaines formulations. L’espace commentaires ci-dessous est là pour en parler et je modifierai ce qui devra l’être.

Quelques sources pour aller plus loin

•Un dossier super riche de Garance ASBL, avec les concepts de harcèlement, l’histoire, des stats, etc. : http://www.garance.be/docs/16HSEPrevuelitterature.pdf

•Le blog « D’où » qui montre que la colère est une forme de résistance : c’est ciselé, c’est juste, c’est percutant :https://doulapage.com/…/dou-tu-suis-pas-bien-les-regles-po…/

•Un guide illustré du respect dans la rue, notamment de comment on peut agir en tant que témoin : https://www.planningsfps.be/…/petit-guide-illustre-du-resp…/

•Le projet crocodiles : des témoignages de harcèlement mis en images par les auteurs du guide précédent https://projetcrocodiles.tumblr.com/

•Un dossier qui me semble assez complet sur le sexisme : https://igvm-iefh.belgium.be/fr

•Un article (à partir de la page 79) fondamental sur le processus d’allié quand on est un mec : http://redtac.org/…/PDF-F%C3%A9minismes-%C3%A0-t%C3%A9l%C3%…

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