Analyses

Patagonia, le capitalisme au service du bien commun?

Avec l’affaire Patagonia, on a enfin l’impression qu’un milliardaire, Yvon Chouinard, prend la mesure de l’urgence climatique et décide de mettre son argent au profit de l’environnement.

En est-on si sûr ?

QUI POUR REPRENDRE LE BUSINESS?

Le type a 83 ans. Il doit donc trouver une façon de céder son entreprise. La question est de savoir comment le faire sans perdre d’argent et en s’assurant une bonne publicité.

Une première possibilité consiste à vendre son entreprise. Mais, s’il le fait, l’entreprise ne sera plus entre les mains de sa famille et de ses proches. Certes, il gagnera un gros montant d’argent mais cet argent ne va pas lui-même continuer à générer de l’argent supplémentaire. Cette solution n’est donc pas optimale.

Il pourrait également introduire son entreprise en bourse. Toutefois, cette solution n’est bonne que lorsque l’entreprise a besoin de liquidités pour accomplir des investissements importants. Une entreprise de vêtements comme Patagonia a sans doute très peu à attendre en terme de retours sur investissements – puisqu’il y a peu de chance d’avoir de véritables révolutions dans la conception de vêtements dans les prochaines années. Introduire son activité en bourse n’a donc pas beaucoup d’intérêt dans ce cas.

AUX MAINS DE LA FAMILLE, SANS PAYER L’HÉRITAGE

Patagonia décide alors de faire gérer son entreprise par un trust et une ONG. Je n’en ai pas la certitude car je ne connais pas bien la fiscalité états-unienne, mais il me semble que cette technique permet d’éviter le paiement de droits successoraux (voir par exemple https://www.moneyhelper.org.uk/…/using-a-trust-to-cut…) qui seraient probablement beaucoup plus élevés que les 17,5 millions que la famille a dû payer dans ce cas-ci. Qui plus est, il semble que les enfants d’Yvon Chouinard aient refusé l’idée d’hériter de l’entreprise.

Il faut bien comprendre que ce Trust est seul décisionnaire en matière de gestion financière de l’entreprise – puisque seuls ses membres auront le droit de vote. Dans quel genre d’activités ce trust va-t-il investir ? Nul ne sait. Ce trust sera aux mains de qui? De la famille et des proches d’Yvon Chouinard (voir l’article du Times https://www.google.com/…/patagonia-climate-philanthropy…) qui n’auront donc pas dû payer ces fameux droits de succession! Peut-être comprenons-nous ici pourquoi les enfants ont refusé l’héritage.

MASQUER LES BÉNÉFICES PRIVÉS SOUS COUVERT D’ÉCONOMIE SOCIALE

En ce qui concerne l’ONG qui porte le nom de « Holdfast collective », non seulement on ne sait pas comment elle va utiliser l’argent pour les causes environnementales (et faut-il que ces investissements soient absolument irréprochables pour que le montage ait un sens), mais elle a pour particularité de pouvoir donner sans aucune limite à des partis politiques ( https://www.google.com/…/patagonia-climate-philanthropy…)…et de pouvoir faire des bénéfices privés !

Comment ça?

En fait, il semblerait que les associations comme Holdfast collective (de type 501 C4 « social welfare ») ne permettent de défiscaliser les dons que dans des cas très restrictifs. Ici, le choix a été fait de pouvoir continuer à faire des bénéfices et à donner à des partis politiques mais doit donc abandonner l’idée de ne payer aucun impôt (voir https://www.irs.gov/pub/irs-tege/eotopici03.pdf).

SUIVRE L’EXEMPLE DE BILL GATES

Mais regardez bien à quel point la mécanique est cynique et subtile à la fois : si on ne sait pas ce qui sera fait de cet argent par cette ONG, il n’est pas impossible que l’ONG engage…Patagonia dans ses missions (!), lesquelles pourraient donc permettre à l’entreprise originelle de faire encore plus d’argent.

Ce genre de montage financier a été vu de nombreuses fois, notamment dans le cas de la Fondation Bill et Melinda Gates (voir ici : https://youtu.be/Dqzt6yAmdDE ). C’est comme ça que Bill Gates, tout en donnant l’impression d’être le plus grand philanthrope du monde, a augmenté considérablement sa fortune grâce à la « charité »…dont on voit qu’elle n’a rien changé à la marche tragique du monde, by the way.

LE GREENWASHING, C’EST TOUT BÉNEF

Ce qui est très pratique, c’est donc de pouvoir faire de plus en plus de bénéfices sans avoir à investir, ni à ouvrir l’investissement à des personnes étrangères à l’entreprise elle-même. On comprend que l’objectif environnemental est bien loin, alors que la dimension marketing est évidente. Il me semble que l’aspect greenwashing est éclatant.

Quand on voit le traitement massif par la presse de cette décision, il est tout à fait possible d’envisager que les ventes des produits Patagonia pourront avoir explosé, renforçant d’autant les profits de l’entreprise, et sans avoir dû payer chèrement sa place dans les pages de publicité.

Rappelons enfin que, dans tout système capitaliste, ce qu’on appelle « bénéfices » est surtout la traduction d’une distribution très inégale des revenus du travail effectué par tous les collaborateurs et collaboratrices de l’entreprise. Ainsi, ce profit est avant tout du travail volé aux travailleurs et travailleuses.

ALORS, LE PRIVÉ AU SECOURS DE LA PLANÈTE ?

Ce qui me semble également dangereux, c’est quand un tel événement nous incite à penser que nous devrions compter sur les entreprises privées et non plus sur l’État et donc sur la collectivité pour répondre aux plus grands enjeux de notre époque. Alors que ce sont précisément ces mêmes entreprises privées qui détruisent les peuples et la planète.

Attention, je ne suis pas en train de projeter des intentions malveillantes sur le patron de Patagonia. Il est même possible que lui-même y croie vraiment et qu’il ne soit pas cynique. Mais la question de l’intention est distincte des effets matériels et concrets des décisions prises.

Alors, non, la solution aux drames climatiques et aux inégalités produites par le capitalisme ne viendra pas de quelques milliardaires soi-disant philanthropes, mais d’un changement fondamental du paradigme économique. Refusons de nous laisser aveugler par de tels comportements, et choisissons un modèle de société dans laquelle les entreprises sont publiques, pour le public, et au bénéfice des gens et de l’environnement.

Par défaut
Analyses

Exigeons la paix. Désertons.

Dès que je fus en âge de comprendre, on m’a appris qui étaient les gentils et qui étaient les méchants. Puis, j’ai appris qu’à leurs propres yeux, les méchants étaient les gentils et que nous, les gentils, nous étions les méchants. On m’a dit qu’ils se trompaient : c’était de la propagande.

La propagande des autres, donc, celle qui est visible, dénoncée, moquée, raillée parce que jamais subtile ; mais la propagande se vend au plus offrant, elle est infidèle et apatride ; la propagande, c’était elle aussi qui m’avait caché les millions de Soviétiques ayant donné leur vie pour nous sortir de la guerre ; elle qui avait mis sous le tapis des regards internationaux 70 années de coups fourrés des USA en Amérique latine et qui regardait ailleurs quand le drapeau étoilé s’écrasait par deux fois sur Hiroshima et Nagasaki.

La propagande désignait d’autres cibles quand je voulais connaître l’identité des néo-esclavagistes en Afrique. Elle a tronqué pour moi les discours de Xi Jinping, de Hassan Nasrallah, de Bachar Al-Assad, de Vladimir Poutine, de Tito, de Chavez, etc. Elle m’a, ce faisant, ôté mon droit démocratique à exercer librement mon esprit critique – tout en dénonçant à force grands cris la censure chez les autres.

Moi ce que j’en dis, c’est qu’il nous faut EXIGER la paix.

La propagande m’a caché Gladio, le « tibetan program » de l’agence de renseignement américaine – Voldemort de FB dont on ne peut dire le nom. Pourquoi ai-je appris si tard ce qu’avait été la Baie des cochons, l’opération Northwoods et l’embargo pour affamer un peuple ?

Beaucoup savent aujourd’hui que de couveuses il n’y avait pas, que de charnier il n’y avait pas, que d’armes de destruction massive il n’y avait pas.

Mais combien savent que mon pays, la Belgique, était prêt à vendre son citoyen Bahar Kimyongur au dictateur turc ? Pourquoi avait-on moqué sans expliquer les raisons et les dynamiques des cercles d’affaires et de pouvoir, du Siècle, du Bilderberg, de la solidarité entre élites partageant les mêmes loges maçonniques ? Pourquoi tout avait été si aisément rassemblé dans le même vocable méprisant : « Théorie du complot ».

J’ignorais, moi, que des ONG fussent financées par les gouvernements pour en renverser d’autres. On ne m’a pas appris à l’école le rôle de l’opération Tpajax, l’affaire Lavon, les attaques terroristes de la DRS pendant la guerre d’Algérie, le faux « marxist leninist party of the Netherlands ». La surveillance massive et mondiale du programme Prism dénoncé par Snowden, le Cherry Blossom project ou le Huston Plan n’ont pas fait les titres si longtemps et Assange peut bien crever avec Wikileaks. Qui se souvient de l’affaire des Contra en Iran? Qui pour expliquer l’opération CHAOS comprenant les projets Resistance, Merrimac, HTLINGUAL ? Qui pour faire la lumière sur MKUltra et sur COINTELPRO ?

Pourquoi des scandales aussi énormes n’auront jamais atteints vos oreilles?

« Plus jamais ça », me disait-on mais, toute ma vie, j’ai toujours vu ça. La guerre était partout : au Congo, dans le Golfe, en Palestine occupée, en Afghanistan, en Iraq, en Libye, en Syrie, en Ukraine – pour ne citer que les plus gros. À chacune de ces interventions, on a lu les gloses de beaucoup trop de politiques et de journalistes jouant à « qui a commencé » dans l’unique but de servir l’a priori et non la vérité, dans un pur raisonnement panglossien, en saccageant l’histoire, en caricaturant les positions, en refusant de faire parler le contexte.

Qui trinque? Les peuples, toujours.

Aujourd’hui, on essaie de nous vendre la guerre contre la Russie et la Chine. Refusons-la. Désertons avant même d’être conscrits. Exigeons la paix.

Par défaut