Message aux lecteurs

Débat sur le projet de banque NewB

J’ai eu le plaisir de débattre en « live » du projet de banque NewB.

Avec qui? Le débat était organisé par Attac Bruxelles avec, comme intervenant.es, Aline Fares (CADTM et autrice des « chroniques d’une ex-banquière ») et moi-même, professeur à l’IHECS, analyste et auteur de ce blog. S’est ajouté par la suite Matthias Meirlaen, au nom de NewB – nous avons été prévenus la veille et je m’étais opposé à leur présence, considérant que leur temps de parole médiatique avait été amplement suffisant.

La question posée? NewB est-il un modèle bancaire alternatif…ou un miroir aux alouettes? J’y ai défendu une position à la fois critique et sceptique, en accord avec cet article-ci et cet autre article où j’explore la question de façon plus théorique.

Informations pratiques? Le débat a eu lieu ce mercredi 22 janvier 2020 à 19h à l’université Saint-Louis à Bruxelles (boulevard du jardin botanique, 43).

Il me semble qu’aucun projet ne devrait pouvoir se soustraire à la critique – surtout s’il cherche à rebattre les cartes en profondeur.

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6 réflexions sur “Débat sur le projet de banque NewB

  1. Bonjour

    Ayant assisté à la réunion de ce 22 janvier organisée par ATTAC2Bxl sur NewB, je souhaite vous faire part de mes réflexions et de mon ressenti au sortir de cette intéressante soirée.
    Matthias de NewB vous a reproché de prêter à la banque coopérative qu’il défend des intentions, des ambitions, qu’elle n’a pas. Et de fait, NewB n’a jamais prétendu, contrairement à votre objectif, de renverser le capitalisme par sa seule existence. Il est vrai que leur projet est d’arriver, peut-être, à créer une banque qui dirige les sous des milliers de coopérateurs et d’associations complices vers des investissements moins destructeurs du social et de l’environnement. Certes ce n’est pas suffisant à vos yeux (ni aux miens, ni souvent aux leurs) mais…
    En parallèle, je crains que vous ne prêtiez aux dizaines de milliers de coopérateurs de NewB des illusions que le plus souvent ils n’ont pas. Certes, ils souhaiteraient modifier en profondeur le système mortifère qui nous domine mais ils sont, en majorité, bien conscients que prendre quelques parts de coopérateur ne va pas bouleverser l’ordre du monde. En tant que membre du comité de rédaction de la coopérative d’édition POUR et journaliste présent sur de nombreux terrains des lutte actuelles, je peux dire qu’en majorité ils souhaitent seulement ne pas être complices du pire et agir en cohérence avec leurs options politiques.
    Essayons de nous mettre à la place du citoyen progressiste de base. Il est bien conscient que les voies traditionnelles de changement de société sont bouchées : le réformisme par la voie institutionnelle va de défaite en défaite et le bouclier percé de la social-démocratie (PS, PTB ou ECOLO) est inefficace face aux attaques du néolibéralisme en pleine offensive. Et de même, la voie de la rupture (plus ou moins révolutionnaire) n’est qu’incantations dont on ne voit pas la moindre proposition concrète émerger, ni le moindre ralliement d’individus prêts à en assumer la lourde charge (en Occident en tout cas).
    Votre manière de penser et de militer me fait penser à celle d’un ami journaliste du magazine français La décroissance avec qui j’ai longuement échangé (un complice car promouvoir l’objection de croissance est ma manière de militer). Je lui reprochais son attitude, semblable à la vôtre, de rejeter toute initiative parce qu’elle ne mettait jamais assez en cause la totalité du système. Contrairement au sous-titre de La Décroissance, le journal de la joie de vivre, je lui disais qu’une telle position est génératrice de tristesse et peu mobilisatrice pour ceux qui le lisent. Reconnaissant cet effet négatif d’un tel discours où rien ni personne de trouve grâce à ses yeux, il a fini par me vanter « la noblesse du désespoir »… Je dois constater que cette noblesse et ce désespoir ont, sur la majorité, des effets démobilisateurs plutôt que poussant à se battre.
    A contrario donc, depuis quelques temps, comme dans toutes les époques sombres de manque d’espoir politique, on voit émerger des collectifs, des groupes qui veulent agir en marge du système, en préfigurant par des initiatives micro et ponctuelles la société dont il rêvent (je ne comprends par ailleurs pas bien la distinction que vous faite entre dehors et dans la système : sauf à vivre comme Robinson, on est toujours dans la système et les pas de côté que l’on peut faire sont très partiels, même chez les plus cohérents comme ceux de Longo Maï).
    Donc, de plus en plus (mais hélas très minoritaires) se mettent à créer dans les interstices du bloc, pas si solide que cela, du capitalisme néolibéral. Ils ne sont pas assez naïfs pour croire qu’ils vont le démolir, le renverser (même s’ils en « rêvent » votre prop n°4 de votre précédent billet) mais en attendant ils sortent du désespoir qu’entraîne l’apathie et se font plaisir (essentiel dans une époque aussi hédoniste). Comme le dit Miguel Benasayag, on agit « malgré tout », on sait que c’est inutile mais en même temps indispensable si l’on veut garder la dignité du présent. Et comme le dit et le titre si joliment Corine Morel Darleux dans son récent livre : Mieux vaut couler en beauté que flotter sans grâce.
    Bien qu’en désaccord avec votre option de critiquer tout ce qui bouge, et notamment les coopérateur de NewB que vous sous-estimez d’une façon parfois méprisante, je souhaite plein succès à ceux qui, comme vous, espèrent un changement venu du haut. Si vous arriviez, ne fut-ce qu’un peu (doutes) à changer le rapport de forces dans les sphères décisionnelles, ceux qui agissent en bas seraient moins menacés par les méchants qui, c’est sûr, viendront les menacer s’ils deviennent un peu trop dérangeants.

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  2. Je vous remercie pour votre commentaire, lequel ne m’étonne guère dans la mesure où j’avais assisté à un débat où vous aviez pris des positions similaires : https://www.investigaction.net/fr/reformes-ou-revolution-refaire-le-monde-autour-dun-verre/
    Je ne vais pas, ici, argumenter parce que tous mes articles (dont le précédent que vous nommez) répondent en fait à vos remarques. Le désaccord entre nous est plus profond, touche aux valeurs et à la morale – des éléments qui ne se discutent pas. Je suis désolé que vous ayez perçu du mépris dans mon article et/ou lors du débat… On fait ce qu’on peut avec ses armes 😉

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  3. Frank, POTY dit :

    Banque éthique et durable …. LOL … qui peut croire à de telles fadaises. Et sous forme de coopérative en plus ? Et si on commençait par se poser une question essentielle (ce que j’ai fait lors d’une conférence de NewB mais personne n’y a trop prêté attention). Qu’entend-on par « étique » ? Investir uniquement dans les énergies renouvelables, est-ce éthique d’un point de vue environnemental ? Pas vraiment … d’un point de vue économique ? Pas du tout. Ce n’est que mon point de vue me direz-vous, sauf qu’il est partagé par bien plus de gens qu’on ne pourrait imaginer et les faits me donnent raison. Les énergies renouvelables ne font qu’enrichir des spéculateurs détenteurs du capital (forcément) et appauvrir les autres. J’avais donc demandé comment ils décideraient de ce qui est éthique et durable, sachant que c’est une notion relative (enfin pas tant que ça vu que les coopérateurs sont pour la plupart, j’en suis convaincu, des bobos-ecolo-nantis, convaincus que le climat est le problème n° 1; et qui doivent sans doute +/- se rejoindre sur les thème considérés actuellement comme annexes). Réponse : on demandera aux coopérateurs. Aucune ligne claire donc sur cette question. Et sachant comment est organisée la structure avec 3 entités et le droit de veto qui va avec, la condition d’être financièrement viable et arriver à survivre dans le monde (reptilien) de la finance, j’octroie à ce projet autant de chance de réussite que de crédit à l’idée que Marc Dutroux puisse apporter une expertise morale sur l’age de la majorité sexuelle.

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  4. Frank Poty dit :

    J’aimerais que quelqu’un m’explique comment ces 3 entités vont arriver à s’entendre sur la notion d’éthique et de durabilité. J’ai posé la question lors d’une de leurs conférence. Réponse : on va demander à nos coopérateurs. Je ne me suis pas embêté à leur demander comment ils allaient s’y prendre concrètement, sans doute par pudeur de ne pas insister avec une question embarrassante.

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